les voilures… ou les envoilements… (bah là, à ce moment là de c’te jouron, ça fait 816 articles…)

Chimère de la vigne des morts


Au soir très-tourmenté, lorsque ma tête se fait mauvaise, je contemplisse et devinosse la défunte, dans son triste linceul de tulle noir si troublinant, rêvant de nos enfants-mort, sombres phoetus maladifs, figés dans l’horreur de leur douleur…
Uuuuuu
Uuuuuuuuuu
Uuu
C’est donc cela, ta paroleuse, qu’il ne soit rien d’autre que l’ivresse et le mystère ? Qu’es-tu d’autre que dissimulation
Uuuuu
Uuuu
Uuuuuu
C’est la trogne des enfants morts…
C’est la trogne des enfants morts…
C’est la trogne des enfants morts…
C’est la trogne des enfants morts…
Uuu
Uuu
Quand elle venait hier à moi, marchant comme danse de haine, les poils de sa vulve étaient collés d’un mélange de cyprine et de sang menstruel, coulant sur ses cuisses ombrées en y laissant traces fétides. J’y promenais vite et avide la langue, haletant, bavant, grognant, me repaîssant de mon dégoût.
Uuuuuuuuuuuuuuuu
U
Uuuuu
Uu
J’aurais pu plaquer ma main, ma chérie, ma p’tite chérie, contre sa toison pubienne, serrer très fortement, y planter mes doigts et arracher méchamment ses chairs en putréfaction.
Uuuu
Uuuuuuuuuuuu
U
Tant de souvenirs me reviennent ici, maigres chiens de rage, à la vue de la rouge sanie suintant de son rictus de folle.
Uuuuuuuu
U
Dents brisées, lèvres tumefiées et déchirées, enfin ais-je effacé ton sourire de niaise.
U
Uuuuu
Uuu
Se peut-il que je la fasse aussi disparaitre dans les flammes somptueuses et voraces d’un feu vengeur ?
U
Uu
Ô spectre obscur, ta féminité érotique, quand je frôle et lève tes voiles, me donne des frissinons de drésir et de peurle, tandis que de mes yeux, larmes sont étoiles…
U
Uuu
U
Uuuuuuuu
Je voudrais à présent, si elle n’était cadavre abandonné, par la lame rouillée que je garde, lui lacérer bellement les seins, heureux aurais-je  été d’entendre ses gémissements de mal et de voir doucement s’ouvrir ses blessures, atroces éclosions de fleurs de sang, je connais, je connais , oui, oui ! Tant pis pour elle, ce sera une autre, sombre certainement…
Uuuuuu
Uu
Uuuuuuuuuu
Je sors alors ma bite, elle pue, m’excite un peu puis gicle mollement un sperme marron et puant à vomir…
Uuuu
Uuuuuuuuuu
U





tiens vlatipa d’la citation, qui vient de ici :

Si l’art est ce par quoi la vérité peut être dévoilée c’est que la vérité est voilée, elle a été perdue au cours de l’histoire de la métaphysique.

Heidegger distingue être et étant : l’étant c’est l’être donné, défini, au contraire, l’être c’est ce qui fait être tout étant, sa présence. L’être n’est pas un être séparé mais il faut le comprendre presque au sens de la physis grecque ou dans son identification au temps qui par sa distension laisse advenir à l’être tout ce qui est. La réflexion métaphysique à partir de Platon s’est détourné du questionnement de l’être pour tenter de définir les étants.

Avec la métaphysique, l’être est toujours pré compris dans ce qui est pensé, dans la saisie de tout étant mais il n’est jamais explicité. La métaphysique saisit un étant : les idées platoniciennes, le premier moteur aristotélicien, Dieu dans la métaphysique classique…. Mais elle ne pose pas la question de l’être. L’histoire de la métaphysique est celle de l’oubli de l’être. L’être est la catégorie la plus générale, il semble être déjà compris dans toute compréhension d’un étant. Il ne contient aucune détermination, donc ne peut être défini, enfin, sa présence est évidente : il y a des êtres qui se donnent à nous dans leur présence (le « il y a » de la certitude sensible), donc cette évidence semble dispenser de toute interrogation. La recherche ontologique semble sans intérêt. C’est ce qui explique cet oubli de l’être au profit de l’étant. La métaphysique confond l’analyse des étants présents avec la question de la présence comme événement. Elle cherche un étant qui serait à l’origine de tous les autres. Elle ne s’interroge plus sur le « il y a » en tant que surgissement de la présence dans l’être.

Heidegger interroge la métaphysique dans son oubli de l’être. La métaphysique caractérise la pensée occidentale. L’oubli de l’être n’est pas une négligence de la pensée, c’est sa structure : la raison veut saisir un étant dans une définition, elle masque l’être en s’appropriant l’étant, elle cache la différence ontologique. Ce faisant, elle ne laisse pas être l’être, elle le masque sous l’étant qu’elle pense. La métaphysique pense un étant suprême comme source l’être. Heidegger revient à la pensée présocratique qui se centre sur la physis : « le fait de se déployer en s’ouvrant et, dans un tel déploiement, de faire son apparition, de se tenir dans cet apparaître et d’y demeurer. » La physis c’est l’épanouissement de l’étant dans la présence de l’être que les présocratiques s’efforçaient de penser mais que le platonisme a masqué. La vérité n’est pas donc pas pour Heidegger dans le jugement, dans la conformité de la chose et de l’énoncé (c’est pourquoi l’art qui n’est pas un jugement pourra dévoiler la vérité). Elle réside dans la présence de l’être de l’étant. Il faut « laisser être l’étant » : « laisser être signifie s’adonner à l’étant » (in, Questions I). La vérité est dévoilement. « De l’être, Il y a en tant que déploiement de présence. ». L’attitude requise est donc la contemplation, le détachement qui laisse advenir à l’être. D’emblée, on comprend que le vrai n’est pas résultat d’une praxis mais requiert un abandon à l’attitude esthétique.

Pour expliciter le sens de l’être, il faut interroger l’étant qui possède la compréhension de l’être, c’est-à-dire l’homme, que Heidegger nomme Dasein pour rompre avec la tradition humaniste. L’homme se rapporte toujours à son être. L’homme est « un être dans le monde » : son existence est ouverte sur l’extériorité, c’est le signe de la finitude qui le structure (au contraire du cogito cartésien). Mais dans son existence, l’homme expérimente aussi cet oubli de l’être. L’homme dans le monde a d’abord affaire à des outils : les Grecs utilisaient le terme de « pragmata » pour désigner les choses : ce qui est en rapport à une praxis. L’outil est l’étant disponible pour un usage déterminé. Il renvoie toujours à quelque chose d’autre. Le système de tous les renvois est le monde pour Heidegger, le monde de la préoccupation quotidienne. Ce monde renvoie indéfiniment à lui-même sans s’ouvrir vers la présence de l’être. L’être-là préoccupé a affaire à des étants dans un monde d’étants. Ce monde ne laisse pas être l’être mais le masque. Le Dasein tombe ainsi dans l’existence inauthentique, dans la quotidienneté. C’est le règne du « on ». L’homme s’en tient à l’étant qu’il rencontre et se détourne de ce qui rend possible cette rencontre : l’ouverture à l’être. « Notre Dasein est empêtré dans la banalité d’un quotidien qui l’exclut totalement de la sphère de la puissance de l’art. » écrit Heidegger.

Le résultat est que « La choséité de la chose demeure en retrait, oubliée. L’être de la chose n’apparaît jamais, c’est-à-dire qu’il n’en est jamais question. » (in, La Chose). La chose n’est pas un simple étant mais elle a toujours une fonction, une fin précise. Par exemple, une cruche n’est pas simplement de la terre mise en forme par un potier mais elle « déploie son être dans le versement de ce qu’on offre ». Elle est en rapport avec une manipulation. Mais l’utilité d’une chose ne dit pas tout de son être. « Dans l’eau versée, la source s’attarde. Dans la source, les roches demeurent présentes, et, en celles-ci, le lourd sommeil de la terre qui reçoit du ciel la pluie et la rosée. Les noces du ciel et de la terre sont présentes dans l’eau de la source. ». L’eau peut être offerte aux hommes mais aussi comme une offrande aux dieux. « Dans le versement du liquide offert, la terre et le ciel, les divins et les mortels sont ensemble présents. ». L’ouverture à l’être dépasse l’homme, elle recompose la totalité de l’être. C’est ce que Heidegger nomme le quadri parti : la terre, le ciel, les hommes et les dieux. « La chose déploie son être en rassemblant. Rassemblant, elle fait demeurer la terre et le ciel, les divins et les mortels. » La saisie de la choséité de la chose nous ouvre à la totalité de présence de l’être. « Le quadriparti uni du ciel et de la terre, des divins et des mortels, qui est mis en demeure dans le déploiement jusqu’à elles-mêmes des choses, nous l’appelons le monde. ». Heidegger commence toujours par la terre avant de l’accoupler au ciel pour dire l’être. Puis il nomme ceux qui partagent la parole qui dit l’être : les Divins et les Motels. La chose se manifeste en faisant venir un monde à l’apparaître. Ce monde est ce qui fonde l’être de la chose. « Le monde et les choses ne sont pas l’un à côté de l’autre, ils passent l’un à travers l’autre. ».

Il faut retrouver le monde à travers la chose. Dans une telle perspective, l’art joue un rôle fondamental pour saisir l’être de la chose et donc s’ouvrir à la totalité de l’être ?

L’art est le moyen de revenir sur cet oubli de l’être, de dépasser la métaphysique. Heidegger oppose art et technique, la technique étant pour lui l’achèvement de la métaphysique occidentale.

pi encore une, de là :


Voilà bien deux mots aux connotations fort lourdes mis côte à côte.

2Le premier : « Dévoilement » n’est pas sans évoquer les voiles d’Isis, la nature voilée qui ne se montre jamais à nu comme le disait si bien Héraclite : « Phusis kruptesthei philei » traduit habituellement par « la nature aime à se cacher ».

3Ce dévoilement renvoie aussi au mot grec pour dire justement la vérité et qui est : Alethéia, traduit par Heidegger notamment par dévoilement/effacement de l’oubli.

4Voilà donc le lien, dévoilement et vérité seraient donc presque synonymes.

5Avant que d’expliciter tout cela, c’est-à-dire comment la vérité est dévoilement, ou comment le dévoilement fait effet de vérité, juste une mise au point.

6Pourquoi est-ce que je parle de cela ? Quel lien avec ce qui nous occupe, c’est-à-dire la Gestalt-thérapie ?

7J’imagine que le premier terme, celui de dévoilement, est un terme que vous avez souvent rencontré et entendu lors de votre formation. Je pourrais dire que le dévoilement du thérapeute est l’élément de base de notre pratique. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est vraiment ce dévoilement et en quoi est-il si important dans notre pratique. Car ce dévoilement est loin de faire l’unanimité dans le monde psy.

8Pour ce qui est du deuxième terme, celui de vérité, on pourrait dire qu’il concerne un peu toutes les démarches thérapeutiques dans le sens que pour la plupart leur but est bien de faire accéder la personne à quelque chose que l’on pourrait nommer comme sa vérité, reste à savoir si cette vérité est un quelque chose qui pré-existe, genre le moi véritable et qu’il s’agit d’exhumer des profondeurs de la psyché ou si cette vérité est un acte, un événement qui se construit à chaque instant et rend le sujet qui l’énonce « vrai » (faire advenir à la Vérité avec un grand V concerne davantage les religions et autres gourous.)

9Accéder à la vérité, donc à ce qui est vrai, est donc lié à accéder à la réalité ou à ce qui fait réalité pour quelqu’un.

10Revenons d’abord aux origines de ces termes, origine grecque cela va de soi.

11La vérité est un thème majeur de la philosophie mais je pourrais dire aussi un thème majeur de notre existence à chacun. Savoir ce qui est vrai, ce qu’est la réalité nous interroge tout au long de notre vie, savoir aussi ce que, ce qui, nous sommes vraiment, voilà aussi un thème qui nous occupe et qui amène certaines personnes à venir nous rencontrer pour les aider à cette tâche.

12Mais voilà, la vérité est-elle quelque chose, une « adequatio intellectus et res » adéquation entre la chose et la pensée, ou est-elle un qui, une intensité, une forme de présence à ?

13La vérité est-elle la concordance entre la chose et l’idée que j’en ai, ce qui en est la définition la plus courante et la base des sciences de la nature, ou bien la vérité est-elle dévoilement, apparition simultanée de la vérité de la chose et du sujet ?

14Dans le monde grec les deux définitions co-existent, on pourrait dire que la première, l’adequatio, va s’appliquer aux sciences de la nature, aux mathématiques, là quelque chose peut être dit vrai ou faux. En revanche, pour ce qui concerne l’humain, ce que nous appellerions aujourd’hui les sciences humaines, ce sera la deuxième définition qui prévaudra, c’est-à-dire que ce qui est vrai c’est ce qui fera effet de vérité. Là le focus est dirigé vers le sujet, vers le qui, c’est le qui qui devient sujet de vérité, le quoi est ici secondaire et relatif.

15Pour résumer il y aurait deux manières de concevoir la vérité selon qu’elle s’attache au monde des choses, ou qu’elle s’attache au monde du sujet, du qui.

16Ainsi en est-il de nos lointains ancêtres, les sophistes, qui se faisaient payer au grand dam de Socrate, pour aider les gens à advenir à leur vérité, et cette vérité n’était pas quelque chose qui aurait été caché et qu’il faudrait mettre à jour, non, cette vérité est une manière de se dire, une manière pour le sujet d’y être, d’habiter une situation. Dire qui je deviens en nommant du même coup la situation que je vis, qui me constitue et que je constitue en retour, cela est à la fois vérité et dévoilement.

17Chez les Grecs cela s’appelait la Parrhésia, le dire vrai. Et que faisait le philosophe pour aider son patient à advenir à cette vérité qui n’est pas une chose mais je dirais une intensité de présence aux choses, et bien il disait le vrai, c’est-à-dire ce qui faisait vérité pour lui dans la relation à cet homme qui était venu le consulter et ce faisant, il l’invitait à en faire de même.

18La vérité, c’était et c’est toujours cela : être pleinement présent à ce qui est là et dont je suis le lieu de manifestation.

19C’est sans doute pour cela que parfois les textes grecs semblent se contredire, c’est que l’important était l’effet produit. De ce point de vue Nietzsche était sans doute le dernier Grec.

20Au niveau de la thérapie tout cela ouvre vers quoi ?

211- Que la vérité n’est pas, bien sûr, à chercher dans le contenu du discours du patient, elle n’est pas un quelque chose, nous ne sommes pas des policiers, nous ne nous occupons pas des quoi.

222- Que donc la question est bien le qui, le sujet, ou l’existant selon les références. C’est-à-dire qu’être sujet, être un existant n’est pas superposable au fait d’être vivant. Le fait de naître suffit à me rendre vivant, pour cela je n’ai rien à faire. Par contre pour être capable de vérité, c’est-à-dire être capable de présence, d’être le lieu de la présence, pour cela j’ai quelque chose à faire. C’est ce que les anciens avaient bien compris, dans le sens où les sociétés à mystères, initiatiques, avaient bien pour but d’aider le postulant à cela, à devenir vraiment humain (ethos = éthique = habiter). Ce n’est que vers le XVIIe siècle environ, avec Descartes, que le modèle des sciences de la nature, donc le modèle de l’adequatio a pris le dessus, que le qui s’est effacé au profit du quoi (capitalisme, consommation, technique, gestion) et donc que la question de l’humain comme devenir s’est estompée dans la présence accablante de la chose. Curieusement c’est la psychanalyse, avec Freud, qui a remis au goût du jour cette vieille idée, un peu modifiée, qu’il faut faire un travail sur soi pour être capable de quoi ? Chez Freud ce n’est pas très clair, d’un peu plus de sagesse sans doute… et de tristesse !

233- Que cette vérité du sujet que nous cherchons, c’est-à-dire ce sentiment intense d’y être, donc de ne pas/plus subir sa vie avec tous les désordres que cela induit, cette vérité nous pouvons l’atteindre là dans l’espace thérapeutique quand le thérapeute lui-même fait l’expérience de cette présence à la situation ouverte par la rencontre.

24C’est à cet endroit que nous retrouvons le dévoilement. Le dévoilement c’est donc partager avec son patient ce qu’il en est de nous, c’est-à-dire qui nous nous surprenons à devenir à l’occasion de cette rencontre (s’apparaître à l’occasion d’un autre comme le dit si bien Jean-Marie Robine). C’est donc d’une certaine manière éclairer la situation et l’expérience en cours, la laisser apparaître et ce faisant apparaître à son tour (organisme/environnement, moi/monde).

25Le dévoilement ne concerne donc pas le fait de raconter sa vie à son patient, ses vacances, sa vie amoureuse et je ne sais quoi d’autre. Se dévoiler ce n’est pas se raconter. Maintenant ce type de dévoilement peut avoir sa pertinence, quand quelque chose qui affecte le thérapeute dans le présent (deuil, rupture, maladie etc…) est palpable dans la relation. De mon point de vue il est important que le thérapeute le partage avec son patient. Nous ne sommes pas des héros, ni des êtres désincarnés. Nous sommes là au service de nos patients avec notre humanité.

26Le secret, le mystère, ne sont souvent là que pour créer une position d’autorité et de pouvoir du thérapeute. Cela concerne aussi un autre type de dévoilement qui est celui du processus de la thérapie elle-même. Je pense aussi que le thérapeute peut partager ses hypothèses quant au travail qui s’accomplit, ses hypothèses, ses doutes, la manière dont il comprend ce qui se passe dans la thérapie. Bien entendu cela n’est pas systématique, mais que le patient se sente co-dirigeant de sa thérapie est important et cohérent avec la vision gestaltiste de la thérapie.

27Je dirais que ces deux types de dévoilement sont annexes par rapport au dévoilement de ce qui se passe dans l’ici maintenant de la séance, car c’est dans ce dévoilement qu’apparaît ce dont il est vraiment question dans la relation, ce qui est en jeu.

28Rendre compte de la manière dont je suis affecté par la situation présente, dans quelle atmosphère je me trouve (l’ambiance), contribue à éclairer la situation dans laquelle nous sommes, situation qui nous affecte et que nous constituons en retour. C’est en fait la situation qui se dévoile et la manière que nous avons l’un et l’autre d’y être, de l’habiter.

29C’est cela que nous pourrions nommer la vérité de la situation, c’est-à-dire ce dans quoi nous sommes déjà engagés sans souvent en être conscients, et ce qui fait de nous des êtres de vérité, où nous contactons ce sentiment si intense d’être pleinement présents, c’est de se choisir, de s’approprier ce qui je suis à cette occasion et ainsi transformer la passibilité en possibilité.

30Ces deux termes que j’emprunte au philosophe Henri Maldiney, résument mon propos.

31En tant qu’humain je suis passible, c’est-à-dire qu’il m’arrive des événements, des sensations, des sentiments, des émotions. Cela, je ne le choisis pas, cela m’arrive, et, sous peine de me retrouver dans une position de subir ma vie, je suis bien convoqué à transformer cette passibilité en possibilités d’existence, c’est cela « y être ». Quand je ne peux plus transformer cette passibilité, alors je subis ma vie, je ne l’existe plus, je ne l’habite plus, je suis assigné. La question est bien de rendre à nos patients cette capacité de possibilisation, de s’approprier dans la situation et de là exister et c’est dans le cadre même de la scène thérapeutique que cela se joue.

32J’espère vous avoir montré rapidement le sens et l’intérêt du dévoilement du thérapeute et de la situation dans le cadre de la thérapie et de quel horizon philosophique cette notion nous parvient.Mis en ligne sur Cairn.info le 13/08/2014https://doi.org/10.3917/cges.032.0116

pi cà :
Le mythe d’Orphée a aussi inspiré Le Voile d’Orphée, oeuvre du compositeur français Pierre Henry, une composition de musique concrète écrite en 1953. Dans cet enregistrement, Henry déchire du tissu pour marquer le moment où Orphée perd Eurydice pour la seconde fois. Le bruit du tissu déchiré, symbolisant l’écart entre la vie et la mort, est transformé par Twombly dans une peinture à dimension spectaculaire portant le même titre.>


Sur la tombe supposée d’Isis, près de Memphis, une statue recouverte d’un voile noir était érigée. Sur le socle de la statue cette inscription était gravée: «Je suis tout ce qui fut, ce qui est, ce qui sera et aucun mortel n’a encore osé soulever mon voile.»

ça c’est pure merveille délicieuse, ouiche !!!!!! :
fait penser à baubo, bien entendu…

Voile d’Isis[modifier | modifier le code]

photo d'une statuette.
Isis-Aphrodite soulevant sa tunique.

Au iie siècle, dans son traité Sur Osiris et Isis, le grec Plutarque s’est efforcé de donner une explication philosophique au mythe égyptien. D’après lui, le peuple égyptien est détenteur d’un très ancien savoir réservé à un petit groupe de prêtres et d’initiés86. Cette vérité est dissimulée derrière des symboles et chaque pharaon, lors de son intronisation, est « initié à cette philosophie où tant de choses, sous des formules et des mythes qui enveloppaient d’une apparence obscure la vérité et la manifestation par transparence, étaient cachées ». Pour démontrer cette dissimulation, Plutarque met en avant trois exemples : les sphinx, qui suggèrent la présence dans les temples d’une énigmatique sagesse, le nom du dieu Amon qui signifie « Celui qui est caché » et une inscription gravée sur une statue de Neith vénérée à Saïs et assimilée à Athéna et à Isis87 :

« À Saïs, la statue assise d’Athéna, qu’ils identifient à Isis, porte cette inscription : « Je suis tout ce qui a été, qui est et qui sera, et mon voile (peplos), aucun mortel ne l’a encore soulevé. »

— Plutarque, Sur Isis et Osiris, 9. Traduction de Pierre Hadot88,89.

L’inscription de Saïs est évoquée, une seconde fois, au ve siècle, par le grec Proclus dans son Commentaire du Timée de Platon, mais sous une forme différente et plus développée :

« Ce qui est, ce qui sera, ce qui a été, je le suis. Ma tunique (chitôn), personne ne l’a soulevée. Le fruit que j’ai engendré, c’est le soleil. »

— Proclus, Commentaire du Timée de Platon, 21e. Traduction de Pierre Hadot88,90.

L’expression « aucun mortel n’a jamais soulevé mon voile » qu’adopte Plutarque prête à confusion. Il est tentant d’imaginer une statue d’Isis, le visage caché sous un châle que l’initié soulève tel un époux le jour des noces lorsque se présente à lui son épouse voilée, le dévoilement signifiant la découverte des mystères cachésn 13. Cette interprétation est peu crédible, les Égyptiens ne voilant pas leurs déesses. Plutarque parle plutôt d’une tunique, le péplos étant un lourd vêtement en laine, tandis que le soulèvement de la robe et le dévoilement du sexe féminin d’Isis (ou des déesses qui lui sont identifiées) est un motif mythique et iconographique attesté en Égypte.

rhaaaa, jouir ! lire ! et cela encore (vient de ici) :

La vérité comme combat

L’essence de l’alètheia

En traduisant alètheia par Unverborgenheit, dévoilement ou plutôt non-voilement, et non plus simplement par Vérité, Martin Heidegger s’efforce de faire entendre quelque chose du sensN 5, de ce vers quoi alètheia faisait signe, même à l’insu des Grecs, et à partir de quoi ils déployaient leur monde (le monde d’Homère et des premiers penseurs et poètes)21.

Pour entendre ceci, il faut remonter en deçà de l’événement qui avait conduit à l’implosion du premier sens de l’alètheia, à savoir « le moment où est oublié l’aspect temporel et aventureux de la sortie hors du retrait »22 et où seul le résultat compte, notamment chez Platon, et où définitivement l’alètheia devient simplement, l’étant.

Dans un fragment numéroté 123, Héraclite aurait déclaré « Φύσις κρύπτεσθαι φιλεῖ », soit « la nature aime à se cacher », sentence trop trivialement traduite à nos oreilles modernes selon laquelle Héraclite aurait constaté poétiquement la pénibilité du savoir et de l’apprentissage, alors que pour Heidegger, cette sentence pourrait exprimer l’essence profonde de alètheia, à savoir que le dévoilement implique nécessairement et simultanément le voilement.

La co-appartenance du voilement et du dévoilement[modifier | modifier le code]

Les points suivants sont successivement mis en avant par Marlène Zarader23, commentant Heidegger :

  • L’alètheia, ou dévoilement, dit le surgissement hors de la λήθη / Lếthê
  • parce qu’il s’agit d’un dévoilement, alètheia signifie aussi l’« être-vrai »
  • c’est en tant qu’apparu, en tant que sorti de la latence que l’étant, « est »
  • ce qui apparaît a laissé derrière lui l’occultation.
  • cette sortie de l’« occultation » est inscrite dans le mot alètheia
  • le «  » privatif de ἀλήθεια, n’est donc pas seulement un symbole grammatical, il indique un « dévoilé » qui est aussi et surtout un « arraché à l’occultation ».
  • au-delà de la présence de la λήθη, le «  » privatif fait signe vers la prévalence de l’occultation qui régit entièrement l’essence de l’être. Marlène Zarader8 précise « l’affirmation selon laquelle l’ἀλήθεια, pensée de façon grecque, est régie par la λήθη, ne se fonde pas dans la construction du mot, mais dans la pensée que le dévoilement, pour être ce qu’il est, a besoin du voilement »8. Philippe Arjakovsky24 de son côté en souligne la dynamique : « Pour Heidegger c’est le phénomène qui suspend son retrait, le phénomène, autrement dit : ce qui est. Entendue à partir d’alètheia « vérité veut dire : Unverborgenheit de l’être » , « déclosion » de l’être, « désabritement », suspension du retrait ».

Le jeu du voilement et du dévoilement[modifier | modifier le code]

Martin Heidegger s’efforce de nous faire penser ensemble voilement et dévoilement. Pour cela, il s’aide de la traduction allemande, qui l’autorise à interpréter le « se cacher » de la sentence héraclitéenne aussi bien comme un « s’abriter » ; la Phusis aimerait ainsi, d’après le penseur, à « s’abriter » parce qu’à l’abri du voile, le cèlement, l’occultation, sont pour elle la garantie du « surgissement » et de « l’éclosion »25,N 6.

Méditer cette co-appartenance entre «« éclosion »» et « « occultation »» n’est pas un jeu dialectique, ni une simple apposition de contraires; mais, comme nous le précise Heidegger, une dynamique propre qui nous force à penser l’occultation et le non-être, comme une part essentielle de la Phusis , (la nuit du jour, la guerre de la paix, la disette de l’abondance), qui seule lui garantit d’être ce qu’elle est. Dans cette pensée originaire le non-être est constitutif de l’être, et c’est ceci qui est pensé dans la sentence énigmatique héraclitéenne, vue plus haut26, ainsi que dans le statut du dire et de la parole dans les temps archaïques27.

Plus énigmatique encore, l’insistance de Heidegger, à présenter l’alètheia, non seulement comme ayant besoin de l’occultation pour briller (le jour a besoin de la nuit) ce qu’elle serait si elle était une simple ouverture mais « comme dévoilement de l’occultation elle-même »28.

La Lichtung comme espace du jeu[modifier | modifier le code]

Ici encore, dans sa compréhension de die Lichtung , traduit ordinairement par « clairière » ou « éclaircie », Heidegger apparaît novateur. La métaphore de la lumière est banale depuis Platon, pour désigner la condition de possibilité de « l’apparaître », Heidegger en use aussi dans ce sens, mais il remarque que cette clarté, ce libre rayonnement, demande une dimension, une contrée où elle puisse répandre son rayonnement et où puisse apparaître tout ce qui est. L’éclaircie, die Lichtung, est donc bien plutôt l’ouverture que cette clarté présuppose, elle dit non seulement ce qui se dévoile et ce dévoilement même, mais aussi cet autre qui, lui, ne se dévoile pas et qui demeure occulté29,30Marlène Zarader résume ainsi, en trois points les lignes de forces essentielles pour la compréhension du sens d’alètheia dans la pensée de Heidegger.

  1. L’ἀλήθεια est pensée comme dévoilement de l’étant et non comme concordance.
  2. Il s’avère que l’étant ne peut se dévoiler qu’en raison d’une dimension qui ne se dévoile pas. L’ἀλήθεια a besoin de la λήθη, ce qui se dérobe qui constitue comme une réserve est, l’être.
  3. Ce qui va finalement être essentiel et énigmatique, est que cette occultation s’occulte elle-même.

l’horreur du voile d’isis

voile d’isis

l’extase du voile d’isis

si on y pense, un jour, le voilement de la chouette, c’est assez fort, non ?